Les Manic Street Preachers (appelés également plus
simplement The Manics), en français Prêcheurs
Maniaques de la Rue, certes ont
un nom peu commun et qui peut paraître étrange,
mais la singularité de leur nom
caractérise la singularité d’une
musique, d’une histoire, de convictions, et
d’une voix celle du leader James Dean Bradfield.
Les Manics sont un groupe Gallois
originaire de Blackwood
dont la musique oscille entre Rock et Britpop.
A l’origine le groupe
s’appelait Betty Blue (en référence
au titre anglais du film 37°2 le Matin). Formé en
1986 par 4 camarades de
classes : James Dean Bradfield (guitare et voix), Flicker (basse), Sean
Moore (batteur et cousin de James) et Nicky Wire (dont le vrai nom
est
Nicholas Jones et qui est le frère d’un
célèbre écrivain et poète
gallois
Patrick Jones). Jenny Watkins-Isnardi avait rejoint le groupe durant
une courte
période en tant que chanteuse mais fut remplacée
définitivement par la voix
puissante de James.
En 1988 Flicker quitta le groupe et Nicky
passa donc à la
basse. Le groupe enregistra son 1er single "Suicide Alley"
dont la pochette fut réalisée par un de leur
camarade de classe Richey James
Edwards. La participation de Richey au groupe va être
grandissante, lui qui se
contentait de conduire le groupe en concerts, de jouer de temps en
temps de la
guitare (même si modestement il dit
qu’ il "savait jouer un peu,
mais que comparé à James il ne savait pas jouer
du tout"), et de
co-écrire les paroles. Mais l’apport de Richey ne
s’arrête pas là, c’est un
membre du groupe à part entière, qui apporte une
touche artistique et
esthétique voire glamour jusque là inconnue dans
le monde du Rock. Les Manics
prônent ainsi les valeurs qui leur sont chères
c’est-à-dire liberté,
honnêteté,
absence de préjugés sur un fond politique,
philosophique, artistique et
musical. C’est pourquoi les Manics ont focalisé
l’attention de l’opinion et des
critiques, dont certains ne voyaient en ce groupe novateur
qu’un esprit
superficiel masqué par un charme arrogant à la
philosophie agressive dénué de
toute valeur traditionnelle. Mais le public dépassa les
préjugés de la critique
pour découvrir ce qui se cachait réellement
à l’intérieur de ce sac dans lequel
la critique voulait enfermer les Manics.
Les Manics parvinrent ainsi à
faire démentir ces Cassandres,
se jouer des médias pour tromper ces pronostics, et faire
naître un amour
débuté par du mépris.
Dans une interview désormais
célèbre du New Musical Express
et de son journaliste Steve Lamacq réputé pour
exprimer un certain dédain
envers ce qui peut paraître novateur et
exagéré, Richey grava sur son bras avec
une lame de rasoir "4 real", "4 vrais" pour prouver
leur sincérité. Une blessure qui
nécessita de conduire Richey à
l’hôpital.
Cette réaction épidermique, peut-on dire, de
Richey fut largement reprise dans les
medias constituant le "4real
incident" et témoigna pour la 1ère
fois publiquement de la personnalité unique et complexe de
Richey.
Peu de temps après le groupe
signa chez Sony Records et
travailla à leur 1er album.
Le 1er
album des Manics "Generation
terrorists"(et qui s’appelait
à l’origine "Culture, Alienation,
Boredom And Despair", c’est-à-dire Culture,
Aliénation, Ennui et Désespoir)
sort en 1992 chez Columbia Records. Il contient 5 singles et se vend
à 250 000
exemplaires avec notamment un bon accueil du public japonais, mais dont
les
ventes aux Etats – Unis ne correspondent pas vraiment aux
attentes des Manics. James
dit humblement à ce propos : "Si tu fais un album
aussi bon que
Appetite for Destruction des Gun’s and Roses, ça
se vend sinon non".
Le 2ème
album "Gold
Against the Soul" parvint à la
8ème place des Charts Britanniques. Un album
singulier où le feu ardent politique de "Generation Terrorists"
laisse place à une mélancolie introspective, un
album où l’on perçoit toute
l’empreinte et le talent de Richey. Mais après cet
album suit une période
sombre marquée par l’aggravation des
problèmes personnels de Richey
d’auto-mutilation, d’anoréxie et
d’alcool. Ces problèmes commencent à
affecter
les autres membres du groupe autant que Richey lui-même.
Richey fut admis en
1994 dans une clinique psychiatrique privée pour
résoudre ses problèmes, et le
groupe continua de jouer à 3 dans plusieurs festivals afin
de payer le
traitement de leur ami.
Le 3ème
album "The Holy Bible"
sortit le 30 Août
1994, et fut bien accueilli par la critique mais les ventes ne
suivirent pas.
Il se vendit même moins bien que les
précédents, peut-être parce que
là encore
les Manics changent un peu de style, optant pour des
mélodies résolument plus
Rocks au coups de guitares agités et irréguliers,
changement qui se manifeste
jusqu’à l’apparence des Manics qui
effectuent la promo de leur album sous des
uniformes de la marine militaire. Les paroles quant à elles
s’inscrivent
toujours dans une tradition poétique mais sont plus
horrifiantes et
surprenantes que jamais, riches en Richey peut-on dire. Les revues
musicales
comparèrent cet album à l’ In Utero de
Nirvana.
Peu après un
événement va marquer la carrière des
Manics.
Le 1er
Février 1995 Richey disparut. Alors qu’il
était à l’hôtel Embassy
à Londres, on
se rendit compte de sa disparition vers
7h du matin. Sa voiture a été trouvée
abandonnée le 14 Février 1995 dans une
station service près de Severn Bridge vers le Pays de
Galles. Il
n’a plus
jamais été vu depuis, cependant certaines rumeurs
injustifiées prétendirent que
Richey aurait été aperçu. Bien que
Richey ne soit
toujours pas légalement déclaré mort,
tout laisse
à penser qu'il l'est bien réellement
même si on n'a
toujours pas retrouvé son corps. Ainsi une ombre
plâne
toujours derrière les Manics, un mystère
nostalgique
empreint d'émotion. Richey garde une place
spéciale dans
le
cœur du groupe bien sûr mais aussi des fans. Le
groupe
profondément marqué fit
une pause de 6 mois, mais avec la bénédiction de
la
famille de Richey, ils se
remirent au travail. Leur première apparition musicale
depuis la
disparition de
Richey fut une reprise de la chanson Raindrops keep falling on my Head,
pour
The Help album, œuvre de charité en 1995 au profit
de la
Bosnie-Herzégovine
déchirée par la guerre.
Le 1er album sans
Richey "Everything Must Go"
porte néanmoins sa trace puisqu’on y trouve
4 chansons écrites par lui. Cet opus grâce
notamment au tube "A design
for life" fait désormais des Manics un
grand groupe Britannique reconnu
au même titre que les grands noms Oasis ou Blur. Par la
même occasion ils
quittent le costume d’une certaine extravagance pour un look
plus sobre et
conventionnel mais nonobstant authentique garant d’une
crédibilité et d’une
plus grande écoute.
C’est dans cette
lignée que sort en 1998 le 5èmealbum
des Manics " This
is my truth tell me yours",
un album tout
simplement somptueux de teinte plus Pop que Rock, aux
mélodies
très travaillées
véhiculant une émotion et des vibrations divines,
avec
notamment les singles "If You
Tolerate This
Then Your Children Will Be Next", "The Everlasting" , "You Stole The
Sun From My Heart" et
"Tsunami".
En
2001 les Manics donnent
un énorme concert à Cuba et rencontre le
président
Fidel Castro, qui dit que ce concert fut " Louder than War"
c'est-à -dire plus bruyant que la guerre. Durant ce concert
les
Manics divulguèrent quelques chansons de leur album
à
venir, dont "Ocean spray" une sublime chanson Rock écrite
par
James à propos de la battaille de sa mère contre
le
cancer (elle mourut en 1999). Cette chanson comporte notamment un
magnifique solo à la trompette, parfois joué au
saxophone
dans certains concerts. Les Manics apportent ainsi une touche novatrice
dans le monde du Pop-Rock par l' utilisation d'instruments subtilement
choisis dont l'archétype reste le violon ("A Design for
Life",
"Everything Must Go", "The Everlasting", "Black Dog On My
Shoulder"). Les singles qui suivront extraits de ce
6ème album "Know Your Enemy" mettent en exergue une fois de
plus toute l'authenticité et la singularité des
Manics, "Found that soul", "So why so sad", "Let Robeson sing"
Un best-of (comportant
une édition limitée de très bon
remixes) parut en
2002 sous le nom de "Forever Delayed". Cet album contient 2
inédits "Door to the river", et "There by the grace of
God" (qui fut réalisé en single).
Un album de B-sides, de chansons rares et
de reprises "Lipstick Traces" fut réalisé en 2003.
En 2004 sort le
7ème album "Lifeblood",
un album sous-estimé par la
critique et ses ventes mais dont la qualité reste
perceptible
pour tout amateur de Pop-Rock.
En 2006, James et Nicky profitent de la
pause que s'était accordée les Manics pour sortir
leurs projets solo, c'est ainsi que sort en Juillet "The Great Western"
l'album de James suivi quelques mois plus tard par le "I killed the
Zeitgeist" de Nicky. Tout de suite après cette
parenthèse solo les Manics se remettent au travail pour
sortir en mai 2007 leur 8ème album studio "
Send Away The
Tigers" qui voit la participation de Nina Persson (la
chanteuse des
Cardigans), sur deux titres. Un album sobre qui n'est pas sans
rappeler "Everything Must Go" avec pas mal de tubes en puissance...
Les Manics reviennent en 2009 pour la sortie de leur 9ème album studio